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Bouteilles de "proto" : des déchets à risque pour les centres de traitement et valorisation des déchets

Bouteilles de protoxyde d'azote usagées. ©Séché Environnement


La généralisation de la consommation de protoxyde d’azote à des fins « récréatives » induit des risques pour la santé mais pas seulement : les cartouches et bouteilles jetées dans les ordures ménagères provoquent des dysfonctionnements coûteux dans les centres de traitement des déchets comme Valo’Loire, avec des impacts sur la sécurité des installations, les conditions de travail des agents et les finances des collectivités.

Un détournement à risques

On l’utilise couramment dans les cuisines professionnelles où il sert à propulser la crème chantilly, dans les hôpitaux où il aide à soulager la douleur et dans bien des secteurs industriels. Mais depuis 2019, l’inhalation de ce « gaz hilarant » ou « proto » à des fins « récréatives », s’est largement répandu. Le protoxyde d’azote procure des effets euphorisants, il est facile d’accès et ne coûte pas cher ce qui explique en partie la généralisation de son usage détourné.

Pourtant, les risques sont réels : troubles de l’équilibre, hypoxie, et à plus long terme troubles neurologiques et carences en vitamine B12. Selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues, en 2022, un jeune sur trois âgé de 18 à 25 ans avait déjà expérimenté ce gaz. Un arrêté de juillet 2023 a tenté de limiter la vente aux particuliers, mais les consommateurs se tournent désormais vers des bouteilles plus volumineuses, souvent commandées en ligne.

Des explosions qui perturbent le fonctionnement des installations

Ces cartouches et bouteilles devraient en théorie être ensuite amenées en déchèterie pour être valorisées. Dans les faits, elles finissent massivement dans les poubelles d’ordures ménagères ou sur la voie publique et la plupart ne sont pas complètement vides. Dans les fours des Centres de Traitement et Valorisation des Déchets (CTVD) comme ceux de Valo’Loire, le gaz résiduel se dilate rapidement sous l’effet de la chaleur et la pression interne finit par provoquer la rupture brutale du contenant.

Depuis le début de l’année on compte en moyenne près de 2 explosions par jour dues aux bouteilles de « proto ». Or ces explosions causent des dommages variés : barreaux de grille cassés, parois fissurées, portes endommagées, tubes de chaudière détériorés… Les installations doivent alors être arrêtées pour inspection et réparation. Selon un rapport du Syndicat national du traitement et de la valorisation des déchets urbains publié en octobre 2024, environ 80% des sites français sont touchés par ce phénomène, avec parfois plusieurs incidents par semaine.

Bouteilles de protoxyde d'azote, avant et après explosion dans les fours de Valo'Loire. ©Séché Environnement

Un coût important pour les collectivités

Sur le plan de la sécurité, les risques de blessures graves pour nos agents sont réels : effet de souffle et projections de fragments peuvent provoquer contusions ou rupture des tympans, lésions du larynx, contusions pulmonaires, lésions des organes creux ou abdominaux, brûlures internes et externes…

Par ailleurs, chaque arrêt engendre des coûts multiples : réparations des équipements, perte de production d’énergie, surconsommation de combustibles lors des redémarrages, et parfois réorientation des déchets vers d’autres sites. À l’échelle nationale, le préjudice est estimé entre 15 et 20 millions d’euros par an. Ces surcoûts pèsent sur les finances des collectivités comme Nantes Métropole.

Face à cette situation, des solutions sont actuellement proposées au niveau national et européen :

  • imposer aux fabricants l’installation de soupapes de sécurité sur les bouteilles,
  • organiser des collectes spécifiques,
  • introduire un système de consigne…

En attendant, un geste simple s’impose pour les habitants de la métropole nantaise : déposer ces cartouches et bouteilles en déchèterie, où elles seront prises en charge de manière sécurisée. Un enjeu de santé publique, mais aussi de bon fonctionnement d’un service essentiel à la salubrité de notre territoire.

Un peu de lecture

« Bouteilles de protoxyde d’azote en UIOM »

Rapport du Syndicat National du Traitement et de la Valorisation des Déchets Urbains et Assimilés (SVDU) – Octobre 2024